Le Chuong Quan Khi Dao en pointe
Apparue en France il y a une vingtaine d'années, cette discipline spectaculaire
arrive peu à peu à maturité. Désormais dans le giron de la commission des arts martiaux vietnamiens
de la FFKAMA, elle aspire à un développement fort dans les années à venir. Découverte.
Le Chuong Quan Khi Dao, littéralement "la voie de l'énergie vitale", vient du quan khi dao
qui prend sa source aux confins du Vietnam,
à Gia Dinh exactement.
On définit le quan khi dao grâce aux termes suivants: « méthode de combat à main nue, souvent spectaculaire
dans des mouvements acrobatiques, le quan khi dao comprend également des techniques d'armes».
À l'origine de cet art sinovietnamien
se trouve le maître et créateur du mouvement Chau Quan Khi (1895-1968), un réfugié politique chinois de Saïgon. Fuyant la Chine communiste,
il transite par Hong-Kong avant de se fixer au Vietnam où il crée son école d'arts martiaux (Vo Duong Ho Hac Trao), suivant les principes
appris grâce à un expert de Shaolin.
Bien sûr, la méthode du maître de « l'école des griffes du tigre et de la grue du mont Nga Mi»
a beaucoup évolué avant d'arriver en France, au début des années 80,
sous l'impulsion des systèmes vietnamiens à la fin des années soixante.
L'activité principale reste basée sur les pratiques traditionnelles
mais elle a été enrichie de plusieurs formes de
compétitions sportives modernes comme les combats-duels à mains nues,
les combats-duels avec armes, des prestations techniques...
La transformation est nette puisqu'il utilise désormais des techniques de préhension (saisies, projections),
des techniques de balayages et différentes armes.
Le chuong quan khi dao a beaucoup navigué avant de se fixer définitivement au sein
du Comité National des Arts Martiaux vietnamiens de la FFKAMA.
Ce n'est qu'en 1995 que le quan khi dao devient en effet le chuong quan khi dao après de profonds
désaccords au sein de la Fédération de quan khi dao. Décidés à ouvrir leur propre voie, d'anciens élèves décident alors
d'ajouter le terme chuong ("la maîtrise") à leur nom. Le chuong quan khi
dao était né.
Il compte aujourd'hui quelques 700 licenciés. En gardant le costume traditionnel,
une tenue noire avec une veste à col mao et un liseré jaune,la tradition demeure.
Sans doute déterminant pour son évolution le chuong quan khi dao dépend désormais
d'une fédération délégataire.
De quoi se donner un avenir clair. Dans les faits, il s'agit de prendre une part active dans l'animation
et dans les manifestations de la Commission Nationale des Arts Martiaux Vietnamiens.
Les dirigeants du chuong quan khi dao, parmi lesquels Marc Martin (administration) et Jacques Tadenszak
(responsable technique) veulent garder leurs spécificités et développer les compétitions comme la coupe de France.
Mais le plus important est de jouer un rôle dans la création de la future fédération des Arts Martiaux Vietnamiens.
Pour que la tradition se perpétue.
COMMENT DEVIENT-ON PRATIQUANT DE CHUONG QUAN KHI DAO?
"En général, ce sont des gens qui viennent directement au chuong quan khi dao, explique Marc Martin.
Ce ne sont pas des karatékas ou d'autres combattants qui recherchent des nouvelles sensations.
Cela arrive bien sûr mais cela reste relativement rare. Souvent, nous voyons arriver de nouveaux élèves après une démonstration.
C'est le côté acrobatique et spectaculaire de cet art qui les a attirés. Ensuite, comme dans tout sport,
il y a une phase d'apprentissage importante car il faut apprendre l'usage des armes, les acrobaties, bref toute la technique.
Contrairement au karaté qui est assez direct, nous essayons d'enchaîner plusieurs mouvements avant d'asséner
le coup qui doit faire la différence.
Nous recherchons la fluidité grâce à des mouvements ronds mais nous essayons aussi de garder au chuong quan khi dao
son côté spectaculaire en faisant des acrobaties. Au sein de mon club, nous développons par exemple des prises au cou sautées.
Mais attention, nous recherchons avant tout l'efficacité. Nous avons une tradition de combattants et de techniciens.
D'ailleurs, le champion de France de boxe sanda, Zoran Jevtic est un de nos pratiquants !
Nous avons bien sûr nos propres compétitions comme la coupe de France mals nous poussons nos combattants à s'aligner dans
d'autres disciplines. Nous sommes pour l'ouverture, ça nous permet d'apprendre et de continuer à nous améliorer.
De toute façon, même dans un tournoi de kung-fu, on reconnaît un pratiquant de chuong quan khi dao
à sa façon d'attaquer, les jambes pliées, les deux pieds à 90°. Puis, il croise les jambes,
rabat le bras adverse pour baisser la garde de l'adversaire avant d'enchaîner un coup de poing.
On les reconnaît aussi à leur fluidité, leur sang froid et leur maîtrise technique. "
Paru dans « Karaté magazine » n°4 - Octobre 2003
Photos publiées avec l'aimable autorisation de Marc Martin.